LES CHOSES PERDUES
Les choses perdues
Grandeur ou importance ? (pour compléter le billet précédent "quand notre regard change" associé à une citation de Shakespeare)
Le mérite des choses que nous avons eues puis perdues est-il exagéré par la notion de perte ou était-il réellement grand (le mérite) ? (voir la citation de Shakespeare extraite de "Beaucoup de bruits pour rien".
Mon avis est partagé mais ce qui est certain - à mon sens - est que l'importance vaut plus que la grandeur. Je m'explique : la grandeur est, au sens strict, une notion objective et quantifiable. Bien sûr, on parle de grandeur d'âme, etc..., mais ne devrions-nous pas dire : beauté à la place de grandeur ? En fait, plus j'écris cet article et moins je suis sûre de ce que j'avance. En tous les cas, pour revenir à la grandeur que je mets en parallèle avec l'importance, cette dernière prend sa dimension dans le regard que nous portons nous-mêmes aux choses (ou aux personnes) qui s'en sont allées.
Pour ne citer qu'un exemple banal (mais pas tant que cela), le collier que j'ai porté à mon cou des années durant et qui faisait partie du décor, si je puis dire, je l'ai perdu un jour. Ce collier n'avait aucun grand mérite sauf celui de m'avoir "accompagnée" quelque temps, d'avoir été le témoin froid et statique de mes actes, de mes rencontres ou des personnes qui ont croisé ma route. Parce que je ne l'avais plus, j'ai doté subitement ce bijou d'oreilles pour entendre et d'yeux pour voir. Je lui ai accordé de l'importance ! L'aurais-je fait s'il était toujours à mon cou ? Non !
Mais parlons des personnes que nous aimons : il arrive que la vie sépare les êtres : le (la) collègue de bureau avec qui nous avions tissé de forts liens, est muté(e) à deux-cents kilomètres ; l'ami(e) de toujours, complice, va s'installer à l'autre bout de la terre ; notre compagnon (il ou elle) nous quitte. Et voilà que cette personne, que nous appréciions certes déjà, revêt à nos yeux une importance supplémentaire. Réelle ou seulement sublimée par l'absence ?
Toujours est-il que oui (dès lors que nous ne possédons plus ce que nous tenions pour acquis et que parfois nous ne regardons plus ou mal) je suis d'accord avec ce passage de Shakespeare. (tant de lignes pour arriver à cette même conclusion ? Oui, je me fais plaisir !
Pourquoi ne mesurons-nous pas l'importance des choses et des êtres qui nous entourent avant qu'ils ne disparaissent ? Ah, le pouvoir de l'habitude, celle-là même qui obscurcit nos yeux et ralentit nos coeurs ! Cela fera peut-être l'objet d'un nouveau billet.
En attendant, qu'en pensez-vous ? Votre vision de la chose rejoint-elle la mienne ou est-elle autre ?