DELIRE AUTOUR D'UNE CITATION

Délire autour d'une citation

Je choisis une citation :

 « Le Temps n'a d'autre fonction que de se consumer : il brûle sans laisser de cendres »[Elsa Triolet] Le grand jamais
j’y associe mon délire et cela donne ce qui suit

C’est la citation qui m’interpelle et non l’auteur en particulier. Je ne suis pas d’accord avec cette fonction unique que Elsa Triolet donne au temps. Cette femme a, de par son histoire, plus d’une raison de penser le contraire. Cela dit, je n’ai pas lu livre duquel est tirée cette phrase et sans doute faut-il la replacer dans son contexte. Tout de même, le temps, son temps, a laissé derrière elle une biographie et une bibliographie. Et il en va de même, bien sûr, de tous ceux qui écrivent, auteurs très connus ou un peu moins, y compris nous, blogueuses et blogueurs.

Alors, le temps se consume ? Oui certainement! Sans laisser de cendres ? Certainement Non ! Face au temps qui passe et dont beaucoup ont utilisé la notion pour écrire (y compris moi, dans « mes petits poèmes – Le temps I), on ne peut rien. Mais heureusement, il en restera toujours quelque chose. Ne serait-ce que dans le souvenir de ceux qui nous ont aimés, et détestés aussi. Ceux qui ne nous connaissent pas n’auront sans doute que peu voire rien à dire et cela me fait penser à une phrase que j’ai entendue en regardant un film il y a longtemps,  (impossible de me souvenir du titre) qui en substance, disait ceci : pour se souvenir des choses, il faut les avoir aimées ou haïes. Idem pour les gens. Pour appuyer ce que je viens d’écrire, je me souviens de la phrase parce qu’elle m’a marquée et pas du film parce que je n’ai pas accroché. Mémoire sélective ou fainéante ? Mais je me disperse.

Je reviens au thème de mon petit billet. Certes, le temps se consume, il brûle, et l’être humain lorsqu’il est jeune, sachant qu’il en a beaucoup devant lui, n’y accorde que peu d’importance. La nature est bien faite finalement : il me semble que la jeunesse ne se pose pas de questions existentielles et tant mieux ! Ou alors elle n'en a pas conscience et tant mieux ! Elle a d’autres choses à faire que de se soucier du temps qui passe. Et puis, le temps ne paraîtrait-il pas affreusement long si l’on devait s’en préoccuper aussi prématurément dans sa vie ?

En revanche, en vieillissant, ce même être humain risque de s’interroger sur ses années restant à vivre et se dépêchera de les remplir des passions et des projets qu’il aurait pu vivre avant. Avant, quand il avait encore beaucoup de temps ? (mais en a-t-il eu le temps ?)
Je ne pense pas qu’il faut voir du pessimisme dans mes deux dernières phrases car, comme un autre de mes billets le dit, nous vivons différemment les choses selon l’âge auquel elles nous arrivent. Les vivrions-nous plus intensément en étant plus mûrs ? Pas forcément ! Pourtant, c’est l’impression que l’on peut en avoir, convaincus que nous sommes de ne pouvoir vivre que très fort parce que cela sera très court. Mais alors, ce que nous vivons comme étant intense est-il réellement intense ou bien seulement suggéré par le fait que cela nous arrive tardivement ? Redispersion…

Je lis et relis la citation et lui donne une seconde interprétation : signifierait-elle que le temps lui même ne laissera pas de cendres ? Auquel cas, ma théorie première s’effrite et tombe…en cendres car il ne s’agit plus de l’être humain mais bien de cette notion indéfinie et abstraite qu’est le temps. J’ai tout à coup envie de rajouter : « oui »  pour le temps qui se consume et « oui »  pour le fait qu’il brûle sans laisser de cendres. Je vois alors le Temps comme « insaisissable ». Il passe sans laisser de traces physiques de lui-même. Les traces laissées ne sont pas celles du temps mais celles que nous avons utilisées quand on l’avait (le temps). Aïe, aïe, dites-moi vite que je me fais comprendre, j’ai l’impression de partir dans tous les sens !!! Mais n’est pas philosophe qui veut et loin de moi l’idée d’avoir cette prétention, il en faudrait tellement plus !

Toujours est-il qu’en prenant le Temps comme notion impalpable et abstraite donc, je peux comprendre que celui-ci, non content de ne pas se laisser attraper, ne laisse pas de trace si ce n’est celle que nous laissons nous-mêmes par ce que nous sommes et ce que nous faisons.

Alors qu’importe les traces du Temps lui-même ? En effet, difficile de les trouver mais est-ce utile ? Le plus important n’est-il pas tout ce que nous aurons laissé en partant ?

Troisième interprétation : le Temps peut faire mal (il brûle) et ne laisse pas de preuve de son méfait (sans laisser de cendres)

Bien évidemment, le thème mériterait d’être beaucoup plus développé. 
Qu’en pensez-vous ?

Comments

[yoppodo]

Vaste sujet,il faudrait des siécles pour en parler.Le temps!Notion à la fois concréte et abstraite!Le temps est présent à chaque instant de notre parcours,ne dit on pas :le temps de l'enfance,le temps de l'amour ,le temps des semailles,le temps des retrouvailles ,le temps des rires,des joies,des peines eccc. Il est notre source en devenir!
Le temps qui file vite,le temps qui s'égréne lentement?La notion du temps est différente selon les circonstances et le vécu!Si le temps est l'ennemi de la jeunesse ,que dire de cette citation"le temps qui passe n'effacera pas le pas des amants sur le sable".Le temps emportera les cendres,mais pour un bon paysan,ces cendres ne sont elles pas souce de fertilité?Et si le temps brule sans laisser de cendres,apres l'hiver,vient le printemps:temps du renouveau et nous revoila à la case départ!Il en faut du temps pour décrire le temps!!!
Le temps est sans doute ce que nous laisserons à nos enfants et à nos proches,lorque nous ne serons plus qu'un ersatz de souvenirs,et chaque phrase débitéé commencera par " te souviens tu quand......."
Stop j'arrete:alzheimer me guette!
bonne journéé à vous Chana!

[Chana]

Je te rassure Yoppodo, Alsheimer ne te guette pas. C'est aussi dans cet état que je me trouvais lorsque je délirais autour de cette citation. Délire succint car, comme tu le dis, nous pourrions disserter sur ce thème à l'infini et je constate que tu sais être aussi prolixe que moi. A bientôt. Chana

[thaddée sylvant]

Passionnante cette relecture approfondie d'une citation. Je suis comme toi, ma première réaction en la lisant a été de penser que si, il restait bel et bien des cendres. Mais c'est un mot bien gris pour désigner les traces, les empreintes, le souvenir que tous nous laissons dans le coeur de ceux qui nous ont connus, aimés, lus... Le temps passant laisse des traces heureusement, sinon cela aurait-il valu la peine d'avoir vécu ? Ce n'est que dans cette perspective que nous avançons, je crois. En espérant, en voulant croire très fort qu'il restera quelque chose de nous : la mémoire, un livre, un enfant... qui sont notre avenir, pas dans la vie, mais dans le temps. Voilà quelques mots sur cet article qui mérite le détour. PS : tu peux m'appeler Thaddée. J'avais choisi Tess au début comme pseudo puis j'ai préféré continuer mon site sous mon nom de plume, Thaddée Sylvant. Re-PS : non je ne t'en veux pas d'avoir dit Plume au lieu de Tess ou Thaddée. Je te souhaite une bonne journée, et à bientôt !

[Chana]

Heureuse de te revoir Thaddée. Parce que nous sommes, part de ce que nous sommes et de par ce que nous sommes, nous laissons forcément quelque chose. C'est ce que je crois. Je te souhaite aussi une excellente journée. A bientôt. Chana

[audrey]

C'est à mon tour de visiter ton univers. C'est une jolie citation, et je partage ta seconde interprétation. Le temps se consume; il faut croquer la vie à pleines dents, avec ses joies et ses peines.

[Chana]

Comme je suis d'accord avec toi Audrey ! Merci de ta visite et passe une bonne soirée. Chana

[Flo-Avril2]

c'est excellent comme descriptif, bravo Chana
Amitiés
Flo

[Chana]

Bonjour Flo.Merci de ta visite et de ton commentaire. Celui-ci me touche beaucoup. A bientôt. Chana